Nouvelle interview sur Grimper Malin!
Et c’est cette fois-ci Jeremy Bonder qui t’en dit plus sur:
Comment se préparer pour le championnat de France de bloc.
Jeremy Bonder: un bloqueur de (très) haut niveau
Quand je regarde les perfs de Jeremy, j’avoue que j’ai un peu le vertige:
- En bloc: des 8A, 8B et 8C, notamment à Bleau
- En falaise: des 8a, 8b et 8c
- En compétition en 2015: Champion de France de bloc La Baconnière (France), 7ème coupe du Monde de bloc Toronto (Canada), 5ème coupe du Monde de bloc Chongqing (Chine)
Très impressionnant.
Tu peux d’ailleurs retrouver un tas de vidéos de ses perfs sur son site: JeremyBonder.com
Ce que tu vas apprendre dans cette interview
- La charge d’entraînement nécessaire à Jérémy pour avoir un tel niveau
- Un exercice pour travailler la force max de tes biceps (réservé à des grimpeurs et grimpeuses non débutants)
- Comment Jérémy gère l’échec en compétition
- Pourquoi la grimpe en extérieur est essentielle
- Des conseils pour progresser
[Tweet « Comment se préparer pour le championnat de France de #bloc #escalade »]
Interview avec Jérémy Bonder
Salut Jeremy et merci de m’accorder du temps pour cette interview.
De rien avec plaisir !
J’ai vu que tu préparais la saison notamment en grimpant à Bleau.
Peux-tu m’en dire plus sur le contenu de tes séances de préparation d’avant-saison ?
Pour moi ces séances sont les plus importantes, c’est celles qui vont faire mon niveau pour la saison!
Une charge d’entrainement qui va de 8 à 12 entraînements semaine.
Musculation, force orientée, simulation de compétition et bloc à Bleau remplissent mon quotidien pendant ces quelques mois primordiaux.
Un de mes entraîneurs Rémi Samyn qui s’occupe de ma préparation physique, me donne des exercices très variés et appropriés à mes besoins.
Si je dois donner un petit conseil, quelque soit l’exercice que tu entreprends mets de l’intensité c’est ce qui te fera progresser ou non!
Est-ce que tu peux entrer un peu plus dans le détail ? Quels exercices de musculation sont les plus importants par exemple ? Ou pour la force, peux-tu nous décrire un exercice en particulier ?
Ils sont tous importants, à condition que l’exercice choisi corresponde à la filière que l’on veut travailler et qu’il soit adapté à notre pratique.
Par exemple, on veut faire un travail sur le biceps et comme exercice on décide de faire des tractions.
En fonction de la période et de l’objectif de travail, il faudra cibler le régime de force explosivité, force max, volume…
Pour de la force max on peut choisir de faire des tractions lestées (3×3).
Astuce: La troisième traction doit être difficile à faire pour que l’exercice soit bien réglé (tu dois varier la charge du lest en fonction).
Exemple de fiche biceps 3×3 :
- 3 tractions lestées à ??kg
- 3 minutes de repos
- 3 tractions lestées à ??kg
- 3 minutes de repos
- 3 tractions lestées à ??kg
Voilà un exercice pour le biceps, tu peux le coupler avec d’autres exercices de biceps, triceps, pectoraux…
Attention, le repos est très important, ne le néglige pas !
La dernière coupe du monde s’est fini pour toi sur une contre performance.
Comment gères-tu l’échec au niveau mental ?
L’échec fait parti du milieu de la compétition, si tu n’es pas prêt à l’accepter ne fait pas de compétition.
Je ne dis pas que c’est facile mais que ça fait parti du jeu.
Pour moi, je me dis que si je rate telle ou telle compétition ma vie ne va pas s’arrêter, il y aura encore plein d’autres échéances derrière sur lesquelles je vais pouvoir m’exprimer!
Bien sûr, certains échecs sont plus faciles à accepter et digérer que d’autres.
Il faut parfois quelques jours mais plus vite tu rebondiras, plus vite tu reviendras, prêt pour de nouvelles échéances!
J’imagine que tu as fait un débriefing de la compétition avec tes entraîneurs. A ton avis, qu’est-ce qui a cloché cette année ?
Oui, bien sûr des débriefings avec mes entraîneurs j’en fais après chaque compétition et régulièrement pendant ma préparation.
L’année qui vient de se dérouler a été difficile pour moi. J’ai été blessé à un doigt tout le long de la saison de coupe du Monde.
Ça n’a pas toujours été facile à gérer: ne pas être à 100% de ses capacités quand le niveau demandé est très élevé peut mettre par moment un coup au moral.
Mais bon comme le proverbe dit « Tout ce qui ne te tue pas, te rend plus fort » !
Comment t’entraînes-tu pendant la saison ? As-tu un calendrier, un programme précis ?
Bien sûr que j’ai un calendrier et un programme précis, cela fait parti des fondamentaux pour une préparation.
A chaque début de saison, Rémi me donne une planification annuelle où les cycles entrainement, stages, échéances, etc sont marqués.
Rien n’est fait au hasard et à n’importe quel moment.
Je ne dis pas qu’on ne modifie rien ou que l’on n’affine pas certains détails mais il me donne une « trame » générale sur laquelle on va travailler pendant toute l’année.
Et pendant la saison, c’est aussi planifié: des rappels de force ou encore des exercices bien spécifiques, viennent remplir mes entraînements!
Tu grimpes souvent en exté. Bishop en fin d’année dernière, Bleau.
Est-ce pour toi un indispensable complément à ton entraînement pour la saison de coupe du monde ?
Pour moi, l’extérieur est surtout un grand moyen d’oxygénation. C’est le point de départ de cette discipline.
Mon projet est bien sûr la compétition et pour cela je suis obligé de m’entraîner beaucoup en salle.
Mais pouvoir aller à Bleau en forêt ou encore en « trip » à l’étranger est un moyen de se ressourcer.
Et je pense que ce n’est pas du tout contre-productif, bien au contraire. La grimpe en extérieur est un moyen de repousser ses limites.
L’adaptation et la technicité que demandent certains blocs en extérieur ne se retrouvent nulle par ailleurs.
Pour moi oui c’est indispensable !
Quels sont les blocs que tu préfères ? Comment les choisis-tu ?
Simplement une question de cotation ou est-ce que c’est aussi lié au rocher en lui-même ?
Houlà, il y en a beaucoup !!!
Si je dois en choisir un plus qu’un autre je dirai « Duel 8A » à Bleau. Une dalle vraiment classe, le bloc est aussi beau à voir qu’à grimper. Très technique il demande un grand travail de sensation, de calage.
Tout se joue sur des petits détails, il faut être très patient !
J’adore la grimpe en extérieur, bien sûr la cotation m’attire, repousser ses propres limites dans des blocs extrêmes procurent beaucoup de plaisir surtout quand on parvient à les faire.
Mais j’aime tout autant faire des blocs d’un niveau inférieur ou la gestuelle peut être parfois très intéressante ou encore tout simplement quand je trouve que le bloc est joli et qu’il me donne envie de grimper!
Niveau alimentation, comment vois-tu les choses ? Est-ce que tu es très strict ou est-ce que tu te contente d’appliquer les règles de bases d’une nutrition saine ?
C’est très personnel avec des idées et des choix très variés.
Pour ma part, j’ai certaines règles que je m’impose et je les respecte.
Après, de là à dire quelles sont très strictes, ça dépend des ambitions de chacun et de chacune.
Si tu ne devais donner qu’un conseil à un débutant en bloc, ça serait lequel ?
De prendre beaucoup de plaisir dans sa grimpe. Avec le sourire aux lèvres, il progressera plus vite!
Si tu ne devais donner qu’un conseil à un bloqueur intermédiaire qui veut progresser vers des blocs difficiles, ça serait lequel ?
De mettre beaucoup d’intensité dans ses séances: c’est une des clés de la progression !
Merci Jérémy 🙂
Merci à toi François. 🙂
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