J’ai le plaisir d’accueillir Amélie.
Amélie c’est qui?
Une membre de la family et… elle m’a envoyé ce super article sur le choix de ton binôme d’escalade en grande voie.
Je lui laisse donc la parole.
A toi Amélie!
Hey tout le monde!
Merci François 🙂
Je pratique l’escalade depuis bientôt deux ans.
Bien que mon niveau soit encore modeste, j’ai pas mal gouté (et pris goût !) à la grande voie en cette saison estivale.
J’ai eu l’occasion de grimper avec un panel de grimpeurs et grimpeuses de niveaux, sensibilités et personnalités différentes.
Autant de personnes que d’approches de la montagne... mais qui partagent toutes le même amour des ascensions verticales.
Il va s’en dire que l’on apprend beaucoup sur soi mais également sur l’Autre (oui, avec un grand A !) lorsque l’on est encordé.
Mais je suis convaincue qu’à terme,
toutes les cordées ne font pas bon ménage !
Et pourquoi donc ?
Allez venez, je vous explique ce qu’est pour moi un bon binôme de cordée.
Escalade en grande voie = Un binôme patient
Ah la patience...
Cette vertu qui n’est pas donnée à tous !
Rien de plus agaçant que quelqu’un qui trépigne d’impatience quand tu n’avances pas assez vite.
Sachez, grimpeurs expérimentés, qu’un « moins bon » que vous a besoin de plus de temps pour lire une voie et analyser ses mouv’.
Et c’est aussi valable pour toutes les manip’ de corde.
Apprendre, ça prend du temps parce que notre cerveau est aussi occuper à contrôler le trouillomètre.
Et puis rien ne sers de courir… au risque de faire une boulette qui pourra vous coûter chère.
Escalade en grande voie = Un binôme qui communique
Argh, ce n’est pourtant pas compliqué non : la CO-MU-NI-CA-TION !
Il y a le binôme qui n’utilise pas le même vocabulaire...
...le binôme qui ne dis mot...
...et pire encore, le binôme qui prend ses décisions pour lui-même – uniquement.
J’incite sur ce dernier point :
En cordée,
toute décision que tu prends pour toi, tu la prends aussi pour ton binôme.
Alors oui,
ça m’agace de n’entendre que les mouches volées (ouais, des mouches de montagne !) quand je demande à mon premier s’il aperçoit le relai.
Oui, oui, pas la peine de faire comme si de rien n’était, je vois bien à la tête de l’autre quand il y a un cheveu dans la soupe.
Déjà qu’avec la distance et le vent, on a souvent du mal à se comprendre, si c’est pour se la jouer mime Marceau, très peu pour moi !
Alors, siouplé, soyez gentils...
...ce n’est pas pour le peu de conversation qu’on échange une fois sur la falaise, que ça demande un effort surhumain de communiquer.
Et surtout, n’oubliez pas...
...vous n’êtes pas seul, décidez à deux.
Escalade en grande voie = Un binôme qui a les mêmes objectifs
Si votre objectif c’est la perf’,
choisissez quelqu’un qui recherche également la perf’.
Parce que si vous partez avec une grimpeuse comme moi, pour qui contemplation et poésie sont les maîtres mots… vous risquez de trouver le temps long !
Alors pour éviter les frustrations,
vérifiez que vos ondes soient sur la même fréquence que votre potentiel binôme avant de vous lancer à l’abordage d’un grand caillou.
Escalade en grande voie = Un binôme encourageant
J’ai horreur qu’on me crie dessus (qui aime ça d’ailleurs ?).
Mais il m’est arrivé de croiser des grimpeurs pouvant faire preuve d’une certaine dureté envers leurs copains/copines, femme/mari et enfants, pour les pousser à grimper.
« Bah, mon vieux, si y a pu d’plaisir, à quoi ça sert d’être là ? »
Ouais, je me le demande.
Moi quand on me pousse dans mes retranchements, je me referme dans ma coquille.
Je préfère de loin qu’on me soutienne et qu’on m’encourage avec toute la bienveillance du monde.
C’est là que je vais chercher la force nécessaire pour continuer (même quand vraiment je suis cuite-de-chez-cuite et que le jus du citron a été bien pressé).
Escalade en grande voie = Un binôme qui prend sur lui
Voilà une qualité très subjective.
J’ai relativement peu peur quand je grimpe.
Enfin, je pense surtout avoir la capacité à prendre sur moi.
Mais il m’est arrivé à plusieurs reprises de grimper avec des personnes qui extériorisent beaucoup leur peur.
Et moi qui suis plutôt détendue, je perds légèrement ma zénitude quand je commence à entendre, suspendue à un relai à 50 mètres du sol :
« Oulalala, ça craint là non ?
Punaise mais s’il tombe, il va se prendre un de ces vols, il va s’éclater…
J’ai peur, aaaaah nooooon j’ai trop trop peuuuur !!».
Mauvais bourdonnement dans les oreilles.
Déglutition sonore.
Bref, la panique commence à pointer le bout de son nez.
Si vous arrivez à gérer la peur de l’autre, tant mieux pour vous (mais perso moi j’ai du mal avec ça).
Ceci-dit qu’on soit d’accord, personne n’est parfait.
Moi par exemple,
j’extériorise beaucoup quand je suis à bout de force.
Ça donne un truc du genre :
« J’en peux plus » toute les 5 minutes, un tirage à chaque point, un premier de cordée qui me tire par le haut telle une grue soulevant un bloc de parpaings. (*image hyper glamour*).
Dans ces moments,
je ne sais plus trop ce que je fais comme sport mais... ça ressemble vaguement à de l’escalade.
M’enfin...
...tout ce laïus pour dire qu’on est tous différents (et imparfaits) et qu’on extériorise tous différemment.
Et l’essentiel est de trouver un binôme qui impactera peu ou prou sur votre envie/énergie/motivation à grimper.
Escalade en grande voie = Un binôme avec les mêmes limites
Et pour terminer, un point sécurité !
Si un grimpeur me propose de me lancer dans une grande voie en Terrain d’Aventure sans l’ombre d’un coinceur accroché au baudard, que grand bien lui fasse.
Ce sera sans moi.
Je force volontairement le trait, mais il important de rester dans une « sphère de risque acceptable » plus ou moins équivalente à celle de votre binôme de cordée.
Ou de vous mettre d’accord là-dessus avant de partir.
J’emprunte la théorie de la sphère de risque acceptable au Guide de la montagne* qui permet « d’évaluer le niveau de danger que l’on est prêt à affronter ».
Et ce niveau dépend de notre niveau et de nos capacités physiques et psychologiques:
Plus vous grimpez, plus la sphère s’agrandit jusqu’à atteindre un équilibre entre risque et objectif.
Sachez ainsi comprendre et respecter la sphère de votre binôme.
Veillez à rester humble vis-à-vis de vos connaissances et vos capacités.
Inutile et imprudent de se lancer dans un projet avec un mauvais rapport entre votre niveau et votre ambition.
Rappelez-vous qu’en montagne tout peut vite tourner au vinaigre.
Le genre de vinaigre âpre et amer, pas bon du tout.
Morale de l’histoire ?
Hop-là, je crois avoir fait le tour !
Bien évidemment, tout ceci reste très subjectif en fonction de votre pratique et de vos attentes.
L’essentiel est de se faire plaisir et se marrer !
Quand bien même mon binôme me transfère sa trouille, j’essaie de garder en toute circonstance le sourire, quitte à sortir une petite vanne à deux sous pour détendre l’atmosphère.
Et puis, il y a bien d’autres qualités que j’apprécie chez un binôme, comme le sens de l’orientation (pour compenser l’absence du mien !).
Ne vous mettez pas la pression, soyez indulgents et prudents, prenez-en plein la vue, et encore une fois, apprenez des autres et de vous-même.
Sur ce, bonne grimpe !
Amélie
Ps : un grand merci à tous mes binômes, pour la transmission de leur expérience, que je tâcherais de transmettre à mon tour.
*Guide de la montagne – Randonnée, escalade, alpinisme, trekking, expédition. Guérin, éditions Paulsen. 2007 (Chapitre 22 – Sécurité - pages 455 à 460).
5 Comments
Magali
16/10/2017Très bon article dont les grandes idées sont à mon sens, également applicable à la couenne !
Bonne grimpe !
François BELLET
16/10/2017Merci pour ton retour 🙂
Adeline
17/10/2017Très bon article, simple mais plein de bon sens !
J’aurais pû l’écrire, tellement je me retrouve dans ces valeurs et ces évidences, qui n’en sont pas malheureusement pour certains…
Il est donc bon de rappeler ces « évidences » dans un article qui ne parle pas de technique, de perf’ ou de matos… pour une fois ! 😉
François BELLET
17/10/2017Oui ça change un peu!^^
Amélie
19/10/2017Merci de vos retours sur mon article ! Ça m’encouragera à la rédaction de prochains 🙂
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